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La charge de travail : analyse et leviers d'actions 2/2

La charge de travail : un sujet à mettre en débat dans le dialogue social

L’intervention que j’ai réalisée sur la charge de travail est partie d’un sujet mis en débat par les partenaires sociaux en CHSCT ; il s’exprimait une charge élevée, en lien notamment avec les transformations en cours dans l’entreprise.

Après avoir exposé le déroulement d’une analyse qualitative de la charge de travail, je propose ici de montrer en quoi ce sujet peut permettre de faire rejoindre la direction et les représentants des personnels (IRP) sur des sujets communs.

Un sujet qui permet d’aborder la santé au travail par un angle spécifique

Bien souvent j’ai remarqué que les entreprises avaient du mal à travailler à partir d’une problématique floue, remontées par les IRP telle que « il y a des risques psychosociaux dans l’entreprise il faut agir ».

C’est de mon point de vue plutôt normal, et je ne blâmerais pas une direction qui a du mal à lancer une démarche de prévention à partir d’un sujet aussi vaste que celui des « risques psychosociaux ».

Il est donc important pour les représentants des personnels dans ce qui est aujourd’hui le CSE (Comité Social et Economique) et la CSST (Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail), de préciser de quoi ils parlent : qu’est-ce que les salariés remontent comme problèmes ? parlent-ils de relations dégradées dans les équipes ? d’incompréhension et de pertes de repères dans les changements en cours ? se plaignent-ils d’une charge de travail élevée ?

Spécifier le problème en ciblant la question de la charge de travail, qui reste en même temps assez large et peut concerner tous les niveaux hiérarchiques, constitue déjà un premier point sur lequel direction et représentants des personnels peuvent s’entendre.

De plus, pour avoir beaucoup travaillé sur les risques psychosociaux, et écouté les réserves des uns et des autres sur la prise en charge de cette question, « parce qu’elle a un lien avec ce que vit le salarié en dehors, », ou parce que « il s’agit de problèmes inter personnels sur lesquels on n’a pas de prise », il me semble que la question de la charge de travail laisse moins libre cours à ce genre de considération ... à moins de considérer que les gens sont des fainéants et ne veulent pas travailler !

Un sujet qui permet d’aborder le sujet de l’amélioration continue

Dans l’intervention réalisée, un lien a été fait pour une population entre le vécu d’une charge de travail élevée, et une organisation du travail insuffisamment opérante.

Les salariés, dans ce cas il s’agissait de cadres, managers ou non, parvenaient à fournir les résultats attendus mais au prix d’efforts élevés, et leurs responsables (cadres supérieurs) ont très rapidement identifié les causes de cette charge élevée de travail : celles-ci étaient à rechercher dans des processus décisionnels lourds (on attendait d’avoir l’aval de trop nombreuses personnes alors qu’une personne aurait pu prendre la décision seule), des modes de fonctionnement générant beaucoup de travail dont chacun avait fini par s’accommoder mais qui n’apportaient pas de plus-value, etc.

J’ai ainsi pu transformer une problématique de « charge de travail », en une problématique d’amélioration continue (comment mettre en place une organisation plus efficace, comment la réévaluer au fil de l’eau …) ce qui a eu plusieurs avantages :

  • La recherche de leviers d’actions est bien ciblée ;
  • Direction et représentants du personnel convergent aisément sur ce sujet, puisqu’on améliore les conditions de travail ET la performance dans le même temps ;
  • L’amélioration continue est par définition … continue, aussi en remettant ce sujet au cœur de l’intervenant peut estimer que son action aura des effets un tant soit peu pérenne !

Un sujet d’actualité partout, et que l’entreprise peut valoriser

L’intensification du travail, la charge mentale, sont des sujets prépondérants dans notre société.

Il y a même des phénomènes de valorisation de la surcharge, il vaut mieux se dire débordé que désœuvré ! Toutefois on observe aussi la tendance inverse, avec de nombreux discours prônant le retour du « slow », loin du stress de cette société de l’urgence.

Entre ces deux extrêmes, une démarche structurée pour aborder la charge de travail peut vraiment faire l’objet d’une valorisation par l’entreprise, par exemple via la communication auprès de ses partenaires, ou du groupe dans lequel elle est insérée.