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Un livre de référence – La qualité de vie au travail : un levier de compétitivité

Cet ouvrage est issu de la contribution du réseau ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail), La Fabrique de l’Industrie, et terra nova.

Vous pouvez le trouver en version papier, et il est également entièrement consultable gratuitement en ligne ! Une synthèse d’une page est consultable ici, et une autre en 12 pages ici.

Avec tout ça aucune excuse pour ne pas jeter un oeil ! A titre personnel, le livre a été une réelle bouffée d’air et d’optimisme par son contenu, de plus il se lit très bien grâce à l’alternance des témoignages et de passages plus théoriques.

Il est question dans cet ouvrage de « Qualité de Vie au Travail », une notion derrière laquelle les non initiés mettent généralement les conditions matérielles de travail (de beaux locaux …), les commodités offertes par l’entreprise (salle de sport, conciergerie …), ce que les connaisseurs dénomment la « QVT Marketing ». En effet, la Qualité de Vie au Travail telle qu’elle a été pensée (il est encore difficile de dire conceptualisée tant le champ est vaste) est très éloignée de ce type de considération qui sont en dehors du travail, puisqu’au contraire la QVT interroge véritablement ce qui se passe dans le travail, et élément de taille auquel on ne pense pas car le titre « Qualité de Vie au Travail » n’y fait pas référence : elle s’intéresse aussi à la performance de l’organisation.

Ce qui de mon point de vue devrait rendre les démarches QVT attractives pour les entreprises, est qu’elles peuvent parler à tout un chacun en leur sein : de l’opérateur à son poste de travail, à son manager, jusqu’à sa direction, en passant par ses représentants du personnel. Etant donné les conflits récurrents entre ces différents acteurs , les uns invoquant l’indispensable rentabilité et les autres la défense des conditions de travail , il y a là une occasion unique de renouer autour d’un objectif commun.

En effet au coeur de la QVT, on retrouve l’engagement au travail, et cet ouvrage revient de façon très claire sur cette notion. Nous avons tous entendu autour de nous des cadres se plaindre du manque de motivation et d’implication de leurs collaborateurs, et de l’autre côté nous avons entendu et sommes aussi parfois des collaborateurs peu enclins à nous lever le matin pour aller travailler. Or l’engagement au travail est un profond vecteur de santé ET de performance. Bien sûr cet engagement ne doit pas être excessif (« workaholisme »), et il y a également plusieurs types d’engagements qui ont des corrélations plus ou moins fortes avec l’implication dans le travail et auprès de l’entreprise.

Le livre propose donc un rappel historique, des apports théoriques, sa plus grande richesse réside de mon point de vue dans les témoignages de DRH, PDG, Directeurs, etc. d’entreprises (Michelin, dont le président de la Gérance préface le livre, Airbus Saint Nazaire, Renault , et bien d’autres) qui ont vécu, expérimenté des formes d’organisation du travail qui font la part belle à l’engagement des collaborateurs, et au développement de leur autonomie, tout en préservant ou améliorant leur compétitivité. Sur ce dernier point, l’honnêteté des témoignages et des auteurs est très appréciable, lorsqu’ils reconnaissent que les gains ne sont pas toujours mesurables , notamment sur le court terme. Mais en réalité on sait que le cout du stress qui découle notamment d’une absence d’autonomie est bien réel comme l’a montré l’INRS.

Dans tous les cas, il est rassurant de découvrir que des entreprises réfléchissent, essayent, et à ce titre sont des modèles d’innovation sociale.

Cet ouvrage, s’il ne donne pas les clés méthodologiques de la QVT, éclaire les fondations scientifiques et historiques sur lesquelles tout un chacun (directions, personnels et leurs représentants, management) peut s’appuyer avant d’initier une démarche QVT. Il devrait être lu par tous les acteurs de l’entreprise en charge de la performance et des conditions de travail… c’est-à-dire tout le monde !